C'est dans le Théâtre en plein air, nouvellement baptisé "Théâtre Jean Marais", que Jean-Claude Brialy est venu lui rendre hommage. Le Maire, Alain Gumiel, avait auparavant accueilli ses invités autour d'un buffet, avec, comme à l'accoutumée, des mots venant du coeur.
"Jean était là, tous les soirs, avec nous, et nous avons pensé lui donner ce Théâtre. Nous avons donc réhabilité le Théâtre du Port Camille Rayon, où il a participé à tant de spectacles, et je suis fier aujourd'hui de pouvoir tourner cette page. Jean avec Nini et Jo, est là ce soir avec nous. Il nous a donné l'exemple. Je tiens à remercier M. Brasillé, M. Capron, M. Derval qui depuis son départ, ont fait les dernières affiches de la Fête de la Poterie. Sachez que Jean repose au cimetière de Vallauris et que ses amis viennent régulièrement se recueillir sur sa tombe. En accord avec Nini Pascali, nous avons organisé cet hommage."

L'Assistance se rendrait ensuite dans l'enceinte du Théâtre, pour écouter Jean-Claude Brialy raconter sa vie et sa rencontre avec les plus grands artistes. Durant tout son monologue, les personnes présentes ont été enthousiasmées par sa faconde. Son élocution parfaite, sa vie passionnante, son humour, tout a intéressé l'assistance. Ces deux heures ont paru courtes, et tout le monde s'est retiré avec à la bouche les qualificatifs de merveilleux, extraordinaire, admirable etc...
Jean-Claude Brialy avoue avoir passé sa vie à se faire remarquer. Il décline d'entrée son âge : 70 ans et précise que son récit se trouve dans son livre "le ruisseau des singes". Son éducation fut sévère. En Auvergne, puis en Anjou. Son Père, militaire, l'inscrit à l'Ecole militaire prytanée de La Flêche, alors que son rêve était de faire du Théâtre. Son admniration était sans borne, pour Louis Jouvet et Danièle Darieux. Il est plus tard mis à la porte de l'Ecole.
Son père, nommé aux transmission à Baden Baden en Allemagne, l'inscrit chez les Jésuites à Strasbourg. Il réussit le bachot, et s'engage dans l'armée pour 2 ans.
Il est affecté au service Cinéma des armées, et y crée un bureau des loisirs. Il organise donc des spectacles avec les plus grands, Gaby Morlay, André Luguet, Claude Larue, Guy Bertil et même Edwige Feuillère. Le 3ème spectacle est "la machine infernale" de Jean Cocteau, avec Jean Marais. C'est un triomphe. A la fin de son service, c'est la rencontre avec Jean Renoir, François Truffaut, Jean-Luc Godart et Claude Chabrol avec lesquels il tourne des courts métrages.
Puis vient le Festival de Cannes et sa rencontre avec un garçon charmant, Alain Delon. Alain rencontre Romy (Schneider). Elle aimait rire, elle restera avec Alain durant 5 ans. Il croise ensuite sur son chemin Albert Camus, Jeanne Moreau, Jean Cocteau, et Elvire Popesco. Jeanne Moreau devient alors sa marraine et Jean Marais son parrain de Théâtre. Viendront encore dans sa vie, Edith Piaf, Yvonne Printemps, Sacha Guitry, Pierre Fresnay, Berthe Bovy.
Enfin, la lettre de Jean Cocteau à Jean Marais dont il nous parle, et dont il lit un extrait, touche profondément le public, tant elle est empreinte de tendresse.
Très ému de voir revivre le "Théâtre Jean Marais", il finit son agréable bavardage par une phrase de Colette : "Jaime cet endroit parce que les frontières y sont fleurs. De mémoire de roses on n'a jamais vu mourir un jardinier".
Il termine en nous montrant une photo de Jean et de lui-même. L'attention charmante qu'il a eu ensuite envers Nini en lui offrant un bouquet de fleurs a ému le public, et un tonnerre d'applaudissements et une ovation debout ont salué sa prestation.

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