On pouvait croire le sujet réservé aux amateurs de science fiction, et aux scientifiques rêveurs, mais peu philosophique. Néanmoins, avant d’être un phénomène de la culture populaire depuis les années 50, les extra-terrestres ont fait réfléchir les hommes qui ont l’amour de la sagesse, les philosophes.
La vie ailleurs existe-t-elle et si oui, quelles conséquences pour les hommes ?
Jean-Marc Dagreve a choisi ce thème pour présenter un survol de la pensée philosophique et scientifique, avant d’aborder une réflexion commune avec le public,venu très nombreux.
Avant que les scientifiques n’apportent une présomption d’évidence à la multiplicité des mondes habités, au regard du chiffre astronomique de galaxies, donc d’étoiles et vraisemblablement de planètes, que recèle l’Univers, les philosophes ont envisagé cette probabilité. Pour le s Grecs, d’autres êtres pouvaient bien exister, dans un ailleurs indéfinissable, et ils y vivaient une existence immortelle et délicieuse, ignorant le sort des hommes, au risque s’ils les connaissaient de perdre leur essence incorruptible. Epicure affirmait que ces êtres, extra-terrestres au sens strict du terme, n’étaient pas seulement spirituels, mais fait de chair, comme les humains. Mais ils possédaient l’immortalité "divine" .
La certitude de la pluralité des mondes fut une évidence pour Leibniz.Philosophe d’une extraordinaire modernité, et immense scientifique en son temps, il ne pouvait concevoir la création se concentrant uniquement sur Terre. IL considérait cette vision trop réductrice et même contraire à l’évidente multiplicité de la Création. La vie extra terrestre était la preuve même de l’existence de Dieu. Spinoza n’hésitait pas à considérer que les spécificités humaines, la réflexion et les passions, ne pouvaient pas être les seules expressions que Dieu avait donné au Vivant. Dieu, dans Lequel l’univers entier était compris, avait sans doute, pensé d’autres êtres, sur d’autres mondes,et ils devaient être régis par des lois totalement différentes des nôtres, si différentes que nous ne pourrions pas même les comprendre. Bien sûr, la révolution copernicienne, qui avait déplacé le centre de l’univers de la terre vers le soleil, était un moteur puissant pour alimenter ce type de réflexion.
Au vingtième siècle, la réflexion sur la pluralité des mondes est devenue un thème de la littérature, du cinéma, et des arts graphiques. Les extra-terrestres font partie de notre imaginaire collectif, produits de la culture populaire par excellence, et ils gagnent une justification scientifique. Il y a trop de galaxies, de soleils et donc de planètes pour imaginer que nous sommes les seuls à observer les étoiles. Pour preuve, des radio-téléscopes auscultent le ciel à la recherche d’un message d’autres enfants des étoiles.
Le public, passionné par le sujet, a beaucoup participé, chacun arguant de la possibilité d’une vie extra-terrestre, des croyances très anciennes d’une filiation sidérale que l’on retrouve dans toutes les mythologies… D’autres ont évoqué les mondes parallèles qui nous entourent peut-être, mondes oniriques, spirituels, que nous porterions tous en nous et qui se découvriraient à nos sens pour peu qu’on leur prête un peu d’attention.
 

Encore une fois, Jean-Marc Dagreve a su captiver son public, et montrer que la philosophie ne se cantonne pas aux salles de classes mais suscite l’engouement et le dialogue quand elle est présentée comme un savoir à partager.

Véronique Wilkin
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