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Devant les robes de Madame Cagnon, le 18ème siècle quitte son abstraction chiffrée, les motifs des jupons, la délicatesse des châles, l’exquise harmonie des tons,
la recherche des symboles, tout cet arsenal que
l’amateur d’art décode sur les pastels, les gravures ou les toiles, s’incarne, simplement. Ce sont les reliques du naufrage temporel où plonge inexorablement tout ce qui nous entoure.

Ces robes redisent les vies
des femmes, leurs goûts, leur luxe
ou leur simplicité. Un châle jeté sur les épaules, un jupon piqué « chinois » pour s’assortir à la mode des chinoiseries du temps, un châle de dentelles aux motifs franc-maçon, autant de détails qui s’accordent à la toilette d’une femme, et témoignent du savoir-faire des couturières, des tâches précises des caméristes.
Autant de détails qui évoquent les pavillons chinois de Frédéric de Prusse et lespenchants francs-maçons de Mozart.
Contemporains de ces étoffes.
Les robes, les coiffes,les bijoux n’avaient pas d’autres valeurs que d’être aimés,
portés, transmis de mère à fille, conservés pour des solennités ou des réjouissances. Leur survivance est un hasard, la passion du collectionneur qui les recueille et leur redonne vie double ce hasard de chance. Ces robes de femmes
et de filles d’un autre temps, habillent leurs présences et font apercevoir à leurs descendants une part immensément importante de leur histoire. Le temps intime, celui du corps, du vêtement, de la mode, d’un éphémère qui fixe son époque, comme un tableau et plus tard une photo.