L’exposition Chu Teh-Chun, Paysagisme des songes, est constituée d’un ensemble de 90 oeuvres majeures réalisées entre 1956 et 2004.
Les peintures, diptyques, triptyques et grands formats, ont été peints dans les techniques traditionnelles : huile sur toile, gouache, lavis d’encre de Chine et technique mixte sur papier.
Les tableaux collectés dans le fonds d’atelier retracent les diverses périodes de sa création et sont offerts au regard par une démarche à caractère rétrospectif. Un postulat qui nous permet de découvrir l’évolution subtile du jeu matiériste du peintre.
Dès 1955, à la suite de son départ de la Chine pour la France, Chu Teh-Chun aborde sa recherche picturale par l’organisation d’un espace dans lequel s’émancipe une profusion de signes. Des traces incontournables, relatant ses racines profondes à la culture chinoise et qui démontrent son adhésion à la culture occidentale. Une vision constante, qui nous révèle que ce peintre chinois est plus virtuose qu’habile, d’une virtuosité qui vient de la calligraphie et de l’humeur de l’Orient. Par un lyrisme lié à la clarté, son œuvre s’apparente à une écriture à mi-chemin de la peinture et de la poésie.
Le « Pays Chu », comme le définissait Pierre Restany, est un lieu de songes issus d’un voyage dans l’inconnu. Il se déroule silencieusement comme un spectacle d’alchimiste, une apologie de la lumière prise dans un perpétuel mouvement des éléments : ciel, eau, terre, végétation, feu, fusion des matières, rumeurs et vibrations de la nature au plus profond de sa constitution moléculaire.
L’œuvre de Chu Teh-Chun est méditée de ses visions lointaines, elle donne à voir une réalité éruptive fixée entre le rêve et l’illusion, dépendante d’un « paysagisme abstrait… »
Chu Teh-Chun est né le 24 octobre 1920 à Baitou Zhen, district de Xiaoxian, province de Jiangsu entre Pékin et Shanghai. Arrivé en France en 1955, le peintre s’installe à Paris et participe pleinement à l’activité culturelle de la capitale. Dès 1990, il vit et travaille à Vitry-sur-Seine.
Chu Teh-Chun mène depuis 1954, date de sa première exposition à Taïwan, une carrière internationale lui permettant d’être présent dans les structures muséographiques les plus sensibles de l’après-guerre. Son œuvre est associée aux grands courants des années 1950, plus particulièrement marquée par les peintres : Hans Hartung, Nicolas de Staël, Olivier Debré, Ladislas Kijno, Zoran Music, Pierre Soulages…
Chu Teh-Chun est élu à l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France en 1997. L’éditeur Enrico Navarra publie en 2000 une monographie préfacée par l’historien d’art Pierre Restany. Le peintre vient de réaliser pour l’Opéra de Shanghai une peinture monumentale intitulée Symphonie Festive. L’œuvre s’inscrit comme un souhait de prospérité spirituelle pour la Chine future.
FREDERIC BALLESTER, commissaire aux Expositions