
5e Symposium de l'Eau
Date: 23 June 2003 à 15:43:26 CEST Sujet: Evénements actualités

Pour sa cinquième édition, le Symposium International de l'Eau, propose des rencontres au plus haut niveau entre des universitaires du monde entier, des représentants politiques et des partenaires financiers publics et privés.
Avec l'Unesco, les Nations Unies et la Banque Mondiale, entre autre, les réunions et les séminaires ont pour vocation de présenter des décisions et des conseils pragmatiques pour comprendre et gérer l'Eau. Sous l'égide du professeur Raoul Caruba, le symposium place, pour quelques jours,la ville de Cannes et sa baie au centre de la planète Eau.
Rédaction des articles: Véronique WILKIN et Isabelle PHILLIPS
Mardi 24 juin, journée inaugurale :lire l'article

DES ATELIERS ET DES DEBATS
L’EAU ! ! ! son évocation paraît plus inépuisable que sa potentialité physique… Pour preuve la pluralité des sujets et des enjeux abordés lors de la session d’ouverture, le matin, et l’après-midi pour la séance plénière du mardi 24 juin. Dès le lendemain matin les visiteurs et les participants (plus de 3 000 pour les premiers et quelques 800 pour les seconds sur l’ensemble de l’événement) ont put se plonger dans l’ambiance très universitaire des ateliers. Ces ateliers ont servi de cadre à des conférences et des débats centrés sur des thèmes interdépendants : on y trouvait des sessions techniques, avec les nouvelles technologies de purification, scientifiques et médicales avec les risques liés à l’eau et leur gestion potentielle par satellites, ainsi que les applications cliniques de certaines données…sans oublier les média, l’art, la littérature et la symbolique
Deux ateliers phares dans ce panel :
Eau, Femmes et prises de décisions cliquez pour lire l'article

Eau et jeunes Décideurs cliquez pour lire l'article


Le Goût de l'Eau...
Insipide annonce le dictionnaire, sûrement pas répondent les experts : l’eau, les eaux potables possèdent toutes une qualité gustative qui les distingue, mieux qui les fait apprécier et vendre. De plus l’eau est à la mode, les bars à eau sont un phénomène qui fait souche et se révèle plus intéressant qu’un snobisme passager. Les eaux minérales, thermales ou de source sont une valeur ajoutée, un support publicitaire des plus rentables. L’eau, sa qualité, son abondance sont autant de signe évocateur de bien être, d’évolution sociale, voire de civilisation.
L’Europe, les Etats Unis et le Japon vivent tous cette révolution de l’eau qui s’harmonise avec le souci d’une vie plus mesurée et zen. Ainsi, un site web, consacré à l’eau www.aquamania.net traite depuis trois ans des question d’eau. On y parle de l’eau et des eaux en abondance.
Quant au goût de l’eau, il change considérablement selon les pays et les cultures. Questions de terrain et question d’adaptation culturelle…. Une eau sans saveur, donc insipide, serait la réplication exacte de la formule chimique de la salive, or les sensations que l’on éprouve à son contact résultent précisément du choc entre sa spécificité et notre chimie. Les Américains supportent une eau largement chlorée, alors que les Français s’émeuvent d’une légère augmentation du taux de chlore. Les Asiatiques préfèrent l’eau distillée, et boudent les eaux thermales trop minéralisées. Tradition oblige, certaines eaux entre dans la préparation rituelle des cérémonies du thé.

La mode de l’eau est un secteur économique porteur, les eaux se fabriquent à présent :des eaux sur mesure pour être en forme, maigrir, compenser des défaillances physiologiques et arrêter de fumer… des eaux en bouteilles concoctées comme des cocktails et vendues comme des remèdes miracles. Certaines de ces bouteilles ont été interdites aux Etats Unis, mais on les trouve en Angleterre, et elles seront en France dans peu de temps. Affaire à suivre… et méfiance devant les arnaques : gardons un « bon sens naturel »…
Robinet ou bouteille, le hiatus est-il encore de rigueur. A la question récurrente « peut-on boire de l’eau du robinet ? » les spécialistes répondent un Oui enthousiaste, du moins dans nos contrées. Les techniques de purification sont de plus en plus performantes, avec en prime, des possibilités exponentielle de recyclage des eaux usées. Ainsi la ville de Los Angeles où les eaux usées sont utilisées pour les raffineries de pétrole, les terrains de golf ou réinjecter dans la mer pour prévenir une trop forte salinisation. Cette dernière option étant moins onéreuse que les procédés classiques de désalinisation.

Politiquement correcte ?
En plus d'un argument publicitaire, l'Eau est devenue un enjeu politique. L'atelier Eau et Média indiquait de bonnes raisons pour comprendre comment l'élément le plus simple se soit transformé en thèse complexe..
*Le rôle essentiel de l'eau dans la santé et la prise de conscience généralisée que sa qualité peut s'altérer.
*L'impossibilité de quantifier l'eau, qui par définition n'a pas de prix mais est le bien commun de l'humanité.Comment concilier le don de la nature et le coût de l'eau du robinet ?
*L'eau doit-elle être autre chose qu'un service public?
*L'eau possède une valeur mythique qui confère au discours où elle est incluse un impact particulier.

Toujours en corrélation avec la consommation de l’eau, le Symposium a donné aux visiteurs la possibilité de lire des rapports émanant de diverses institutions comme l’UNESCO et l’OCDE qui indiquent certains « états de l’Eau ».
cliquez ici pour lire le
texte
On notait également la présence de monsieur Mayeux, maire d’Aramont, ville du Gard sinistrée par les inondations en automne dernier, pour l’atelier sur les risques liés à l’eau. Il y expliquait les difficultés à suivre certaines consignes des plans d’urgence dans les moments de crise : noter les noms des 2000 personnes à déplacer en trois heures, et faire certaines déclarations alors que les conséquences d’une inondation sont à l’évidence imprévisibles. Sans oublier les risques de pillages des zones abandonnées. La situation parfois surréaliste à laquelle les élus sont alors confrontés souligne la distance entre l’élaboration des plans d’urgence et la réalité de l’éminence d’un danger.
La nécéssité d'un travail en synergie entre les pouvoirs publics et les élus était bien au centre de la démonstration.
La ville de Cannes était elle aussi très présente sur l'évènement avec une expo organisée par le Sicasil, qui montrait les différentes étapes du traitement de l'eau du robinet pour bassin Cannois....
Ca coule de source, cliquez pour découvrir l'expo du Sicasil


De l’eau et des Symboles….. pour un atelier consacré à l’Eau poétique, métaphysique, onirique….
On y retrouvait l’eau dans les œuvres des écrivains Michel Déon, Saint John Perse et Rousseau, source d’inspiration, de protection ou de révélation. L’Eau sacrée, cultuelle dans les textes Védiques, avec les interdits et les obligations que les brahmanes suivent scrupuleusement pour préserver la pureté de leur caste. Car l’Eau est pure dans son essence : préserver cette pureté ou bien retrouver la pureté de son âme par son intermédiaire divin, sont des quêtes inhérentes à toutes les cultures, Une symbolique qui se retrouve dans les plus anciennes cosmogonies. Cet atelier s’est terminé sur l’intervention très applaudie de Cheikh Khaled Bentounes, membre du Conseil d'Administration du CFCM, qui a donné une perspective religieuse et universelle du rapport éternel et ontologique entre l’Homme et l’Eau, source de création divine.
Cet atelier fut aussi l’occasion de découvrir une jeune photographe palestinienne Hala Hilmi Hodeib. Ses photographies, Pierres et Soif, exposées avec des œuvres d’autres artistes pour le Symposium, ont une force évocatrice extraordinaire. Elle-même exprime avec un enthousiasme communicatif l’émotion ressentie devant la mer morte, le sentiment d’immensité, d’éternité et de vie qui s’en dégage.
Les ateliers organisés aux îles de Lérins, vendredi matin, et suivis
d’un déjeuner en baie de Cannes, sur le bateau French Riviera, ont été particulièrement appréciés. Ce mélange de convivialité et de professionnalisme est une des caractéristique du Water Symposium.
Mercredi 25 juin Remise des prix au théâtre Debussy

La Tunisie, invitée d'honneur de ce 5eme Symposiu m, présentait, mardi 24 juin, sa situation en matière de ressources et de gestion de l’eau .
Abdelaziz MABROUK, PDG de la Société d’exploitation et de distribution des eaux, SONEDE, a expliqué en détails l’état de ce pays de contrastes, puisque la Tunisie est à la fois l’un des pays les moins bien dotés en eau de tout le bassin méditérranéen, mais qui a su gérer et exploiter ses ressources de façon optimale depuis des siècles.
Située à l'Est de l'Afrique septentrionale, la Tunisie, se trouve sur le point de passage entre les bassins occidental et oriental de la Méditerranée. À la fois d'orient et d'occident, maghrébine, méditerranéenne et africaine, elle a brassé les apports des peuples et des civilisations qui ont essaimé, trois mille ans durant, autour de la Méditerranée.
Bordée au Nord et à l'Est par la mer sur plus de 1200km, elle est la destination privilégiée de centaines de milliers de touristes, par sa mosaïque de paysages enchanteurs et ses vestiges archéologiques réputés.
Hammamet, Sousse, Monastir, Jerba, Mahdia, Zarzis les oasis du Djérid et de Tozeur en sont les sites touristiques les plus connus.
La Tunisie dispose d'une infrastructure hydraulique moderne desservant 100% de la population urbaine et 83% de la population rurale grâce à une stratégie adéquate de mobilisation et d'utilisation des ressources en eau par des barrages, forages, recharge artificielle des nappes et dessalement des eaux saumâtres, garantissant l'approvisionnement en eau potable d'une manière continue et fiable.
La Tunisie a connu depuis l'ère carthaginoise de grandes réalisations en matière d'infrastructures hydrauliques. Les aqueducs romains transportaient l'eau douce des sources de ZAGHOUAN situées au nord-est et à 60 km de la capitale Tunis vers CARTHAGE. la FISKIA AGHLABIDE construite dans la plaine de KAIROUAN pour emmagasiner les eaux ainsi que le système d'irrigation des oasis mis au point par l'illustre savant et scientifique IBN CHABBAT, au 9ème siècle après Jésus Christ, témoignent de l'ingéniosité séculaire à traiter la gestion des ressources en eau.
Les analyses bactériologiques réalisées d'une manière continue ont montré que 99% sont saines et conformes aux normes nationales et internationales.
Des efforts considérables sont faits pour améliorer la salinité des eaux desservies. Ces efforts se sont manifestés aussi bien à travers une meilleure gestion des eaux douces et moins douces qu'à travers la construction de stations de dessalement d'eau saumâtre, notamment dans le sud-est tunisien.
La capacité installée des stations de dessalement en service est actuellement de 60.000 m3/j (kerkennah, Gabès, Jerba et Zarzis). Elles ont permis, grâce à une gestion intégrée et rationnelle des eaux douces, saumâtres et dessalées, d'améliorer la qualité et de renforcer les ressources en eau des régions concernées.
La lutte contre le gaspillage.
Parallèlement, une étude nationale connue sous le nom de «l'axe Nord-Sud» permettra l'identification des différentes solutions économiquement viables pour le renforcement et la sécurisation de l'alimentation en eau potable de toutes les régions du pays interconnectées grâce à un réseau national maillé. Mis à part les autres ressources non conventionnelles telles que le dessalement des eaux saumâtres et l'eau de mer, ces solutions de long terme seront basées principalement sur le transfert des eaux du nord.
Cette étude débouchera sur de grands projets dont le coût est évalué à environ 165 millions de dinars.
Des dispositions nécessaires pour la sécurisation de l'alimentation en eau potable de toutes les régions de a Tunisie ont été décidées, identifiées et réalisées par :
-La diversification des ressources d'alimentation.
-Le renforcement des capacités, de stockage d'eau tant brute que traitée.
Invitée d’honneur de ce Vème Symposium, la Tunisie a en outre été honorée, mercredi 25juin, lors de la soirée officielle de remise des prix au théâtre Debussy, par l’attribution du Prix International de Cannes, de l'Eau et du Développement
Mme Faiza KEFI, ancienne Ministre de l’Environnement, fière de représenter les femmes de son pays, a reçu ce prix au nom de la Tunisie.
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